L'objectif de cet investissement est de soutenir la sécurité de l'approvisionnement en isotopes médicaux par le développement d'une technologie innovante de cibles pour les cyclotrons (sous-projet 1) et l'optimisation du processus de production de cibles d'uranium faiblement enrichi (UFE) (sous-projet 2).
Cet investissement comprend deux sous-projets de R&D, qui se concentreront sur : 1) le développement d'une technologie de cible innovante pour la production d'isotopes par cyclotron. Grâce aux activités de R&D, une nouvelle conception est prête et permet de fabriquer des cibles prototypes et de les faire irradier pour valider le processus dans le cadre d'un nouveau projet ; et 2) l'optimisation du processus de production à base d'UFE. À la suite des activités de R&D, les possibilités d'amélioration ont été évaluées et/ou testées et les plus pertinentes seront répertoriées dans un rapport. Pour chaque sous-projet, un rapport sera produit d'ici à la mi-2026. La mise en œuvre de l'investissement sera achevée au plus tard le 30 juin 2026.
Sous-projet 1 : Développer une technologie de cibles innovantes pour cyclotrons
La Médecine Nucléaire se développe à grande vitesse depuis plusieurs années. Autrefois principalement utilisée pour de l’imagerie médicale avec un but diagnostic, à de rares exceptions près dont la plus notable est la thérapie de la thyroïde par l’Iode 131, la médecine nucléaire est en train d’évoluer vers ce qu’on appelle la Théranostique, c’est-à-dire la capacité de détecter puis de traiter des cancers avec une même molécule à laquelle est associée, dans un premier temps, un isotope dont le rayonnement permet l’imagerie, ensuite dans un deuxième temps en lui associant un isotope choisi pour son rayonnement destructeur pour les cellules cancéreuses.
Pour les patients, l’approche théranostique permet une meilleure évaluation de maladie, la sélection du traitement le plus efficace, et un suivi adapté. Pour les organismes de soins de santé, l’approche théranostique permet une réduction des coûts associés à un meilleur ciblage, une réduction du temps pour l’évaluation et le traitement efficace du patient.
Cette approche théranostique basée sur certains couples de radioisotopes, ayant tous leurs avantages et leurs inconvénients, suscite de grands espoirs dans la lutte contre le cancer, priorité de la Commission à travers le plan Beat Cancer (BECA).
L’approvisionnement des nouveaux radioisotopes permettant l’approche théranostique doit être assurée afin que les traitements en développement actuellement, dont certains ont passé les phases d’approbation des Autorités de santé et beaucoup d’autres vont recevoir dans les mois et années à venir l’autorisation de mise sur le marché, puissent être effectivement administrés aux patients qui en auront besoin.
Dans ce contexte, l’IRE, qui possède une longue expérience de fabrication de radioisotopes et qui continue de nos jours à innover, a décidé de contribuer à sa mesure à la sécurisation de l’approvisionnement d’un marché en pleine expansion, sur les radioisotopes pour lesquels soit il possède déjà une expertise, soit il est bien positionné de par sa maîtrise des technologies de base associées.
Sous-projet 2 : Optimiser le processus de production au départ de LEU
La production historique de Molybdène-99 (Mo-99) et d’Iode-131 (I-131) a été, à l’IRE, réalisée intégralement, jusqu’en 2020, au moyen de l’irradiation dans des réacteurs de recherche de cibles contenant de l’uranium hautement enrichi (HEU, à 93% d’U-235), de grade militaire. Pour des raisons essentiellement de réduction du risque de prolifération, les USA ont souhaité, depuis les années 2010, que les radioisotopes pour la médecine nucléaire soient produits au départ d’uranium plus faiblement enrichi, le LEU (enrichi à 19,75% d’uranium-235).
Afin de se conformer à cette exigence, l’IRE a depuis 2011 travaillé à revoir complètement son processus : depuis la composition des cibles, jusqu’au traitement chimique des isotopes produits et incluant les modifications des dossiers pharmaceutiques des produits de l’IRE et de tous ses clients.
Malgré les ressources importantes investis dans ces changements, ceux-ci ont représenté un projet considérable et qui a pris de nombreuses années, il n’a pas été possible d’optimiser les conditions de de traitement chimique des cibles. En effet, la date limite du 1er janvier 2020 pour l’export de HEU depuis les USA a obligé l’IRE à valider dès que possible un processus qui fonctionnait afin de ne pas créer une interruption de la production, qui aurait été très dommageable pour l’IRE mais aussi pour le marché global de la médecine nucléaire, l’IRE assurant l’approvisionnement du marché à hauteur de 25% environ pour le Mo-99 et de 35% environ pour l’I-131.
A l’heure où la conversion à 100% de productions basées sur le LEU se profile (pour mars 2023), il apparaît clairement que les processus ne sont pas optimums et entraîneront une consommation de LEU et une génération de déchets qui pourraient être diminués, si les rendements de production étaient améliorés